La Zona Cafetera

Après notre court passage à Bogota nous repartons pour la region du café, la Zona Cafetera, au nord de la capitale colombienne. Nous retrouvons sans trop de plaisir les longs voyages en bus, auxquels nous avions échappés pendant presque un mois. C'est une route "sécurisée" que le bus emprunte, comme l'indique d'abord les panneaux, puis les militaires postés dans leurs abris de sacs de sable, et enfin les policiers fouillant des camions tout au long de la route. La route serpente le long de douces montagnes couvertes d'une jungle épaisse et verdoyante, entrecoupées d'innombrables ruisseaux sauvages, rappelant un peu la beauté des paysages autour du Machu Picchu. Le chauffeur distribue des sacs vomitoires à tour de bras, la ligne droite ne semble pas exister dans ce pays ; nous ne le redirons pas assez, il vaut mieux éviter l'Amérique du Sud si vous avez le mal des transports, ou alors peut-être louer un hélicoptère.

A la tombée de la nuit nous arrivons dans le village pittoresque de Salento, au coeur de la Zona Cafetera.

Une des activités principales ici, comme en Alsace on irait visiter une cave, est d'aller visiter une plantation de café. Les analogies ne s'arrêtent d'ailleurs pas là, la route qui mène à Salento s'appelle la route du café.

Nous choisissons celle de Don Elias, une petite plantation familiale 100% biologique (ils vont jusqu'à utiliser un mélange à base de piment pour repousser les insectes), et où la récolte est faite à la main. Les arbustes, pas plus grands que Mylène, poussent à l'ombre des bananiers au milieu de ce paysage splendide. Ce sont les petits enfants de Don Elias, Matteo et Carlos (les gens s'appellent toujours Carlos ici), qui nous font la visite. Matteo va d'ailleurs bientôt ouvrir son café dans le New Jersey avec la récolte de la ferme. Après la dégustation, nous ne résistons pas à la tentation de ramener un sachet de café, même si nous nous efforçons de voyager léger...

Ce qui a fait particulièrement la renommée de Salento est la vallée de la Cocora, à seulement 20 minutes de là, à 12 plus le chauffeur dans (et surtout sur) une vieille jeep Willys. Nous randonnons dans la vallée, d'abord le long d'une rivière puis sur le flanc des montagnes où poussent les plus grand palmiers de cire du monde, certains dépassant les 40 mètres (soit l'équivalent de 25 Mylènes). On observe pour la première fois également des colibris, venus butiner le pollen des fleurs et volant comme des abeilles.

Puis après encore une journée et demi de circuit dans les montagnes, nous atteignons Jardin, auto proclamée plus beau village de la Zona Cafetera, l'équivalent de Riquewihr si l'on veut. Nous arriverons malheureusement en pleine fête des rois mages, et tous les hotels sont pleins, nous finissons par trouver au bout d'une heure une chambre très correcte chez une vieille dame où trônent au milieu du salon deux selles et trois chapeaux. Nous sommes encore chanceux, certains dormirons dans leurs voitures, et acheter une voiture pour l'occasion nous aurait couté extrêmement cher.

Il y avait déjà quelques cowboys à Salento, mais rien de comparable avec Jardin : les hommes se déplacent quasi exclusivement à cheval, les garent fièrement devant les bars ou devant chez eux comme dans les vieux western, et arborent chemises à carreaux et chapeaux de paille. Le soir, après la célébration des rois mages (photo 7 en bas), pendant que la plupart des gens sont tranquillement en terrasse sur la place du village, les cowboys font claquer les sabots de leurs chevaux sur les pavés, dans des demonstrations de dressage pas croyables, tout autour de la place pour le plus grand plaisir des villageois. La fête dure jusqu'au petit matin, sous la surveillance devenue maintenant habituelle de l'armée.