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Carnet de voyages

Mylène et Julien


Panama City

Publié le 5 Février 2016, 17:53pm

Catégories : #Panama

Panama City
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Aux aurores ce matin nous sommes aux aguets sur le port de Capurgana pour trouver une barque en direction de Puerto Obaldia, au Panama, la frontière terrestre étant fermée. Nous voyons d’autres bateaux embarquer avant le notre, au rythme local, puis nous attendons encore un peu que la pluie s’arrête. Les gens ici ne sont pas pressés, nous commençons à regretter de ne pas être partis la veille, nous avons un vol à 11h45 de Puerto Obaldia. Enfin à bord nous quittons l’Amérique du Sud à 8h57 précises, la côte sauvage et grise ce matin défile lentement, nous approchons des eaux qui ont vu naviguer Christophe Colomb pour son dernier voyage, le paysage n’a pas dû changer depuis. Nous voyons apparaitre à l’horizon un petit village, pas très différent de celui que nous avons quitté, mis à part les tentes blanches de réfugiés dont nous vous avons parlé dans l’article précédent. Un militaire nous « accueille », nous ordonne de déposer nos sacs sur une plaque de béton, qu’un chien vient renifler longuement - ça doit être nos têtes de narcos qui l’on interpelé - puis un deuxième soldat nous fait vider nos sacs (nous avons le temps de ruminer l’expression), un par un tranquillement. Enfin libérés, nous fonçons à l’immigration, nous la trouvons pleine de cubains remplissant des demandes d’asile. Il est déjà presque onze heures. Heureusement un groupe de filles d’Argentine accepte gentiment de nous laisser passer sans quoi nous aurions certainement manquer notre vol. Au prochain carrefour (il n’y a que trois rues dans le village), une case en bois abrite les bureaux d’air panama, si l'on peut appeler ça comme ça. Nous nous présentons et l’unique employé surligne nos noms sur une liste manuscrite pour toute vérification. Puis on nous pese, nous et nos bagages sur une vieille balance à poids et nous rejoignons l’aéroport à pied, au bout du village.

La encore c’est très folklorique, deux militaires attendent dans l’aérogare, une petite salle meublée sobrement de quelques chaises, les pieds croisés sur une table, serrant dans leurs bras leurs kalashnikovs, ambiance vieux western. Un garçon vient jouer quelques morceaux pour nous faire passer le temps, il explique qu’il finance son voyage en Amérique du Sud en chantant et qu’il aimerait bien quitter cet endroit, nous le comprenons, puissent ces quelques pièces l’aider. Notre avion atterrit, l’espoir revient, c’est un Cessna Caravan, comme ceux que Julien pilotait pour le parachutisme. Chacun charge son sac dans les soutes, puis nous attendons à l’ombre de la queue de l’appareil. Sur les grillages au bord de la piste des migrants font sécher leurs linges, regardant les avions partir, assis à l’ombre de leurs tentes blanches. Au pied des pilotes qui fument une cigarette pour passer le temps, un homme lime tranquillement sa machette, sans que ça n’ait l’air de surprendre personne. Puis nous partons enfin, nous sommes soulagés de quitter cet endroit. Pendant une heure nous survolons une jungle épaisse, entre océans Atlantique et Pacifique, puis nous commençons notre descente entre les cumulus vers Panama City, dont on aperçoit les grattes ciels et le canal s’élever de la jungle.

Ce n’est qu’une fois débarqués que l’on vérifie qui était à bord. Certains n’avaient pas de billets on leur demande de payer, on vérifie leurs bagages aussi. L’agent d’Air Panama essaie de nous faire payer un supplément par de nombreux subterfuges pas très fins, dont le plus remarquable est de jeter à la poubelle sous nos yeux un de nos deux billets qu’il vient d’imprimer en nous affirmant que nous n’en avions acheter qu’un, bravo belle imagination, puis nous laisse enfin partir. Le voyage aura été bien long et compliqué depuis Carthagène, nous sommes contents d’être arrivés.

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Nous passons maintenant deux jours à explorer Panama City. Nous remontons l’avenue Balboa (du nom du premier européen à avoir découvert l’océan Pacifique), qui longe l’océan vers le Casco Viejo, le quartier historique de la ville. Les bâtiments, fraichement restaurés, le président du Panama habitant même ce quartier, sont dans un style plus récent et coquet qu’à Carthagène par exemple : la ville ayant dû être reconstruite après avoir été entièrement détruite et pillée en 1671 par le fameux capitaine Henry Morgan - nous vous avions prévenu qu’il fallait s’attendre à beaucoup d’histoires de pirates - qui avant d’être une marque mondialement connue de rhum épicé était un brillant et émérite corsaire. Le petit quartier est plutôt joli, articulé autour de la place de France où un coq trône du haut d’une obélisque face à l’océan Pacifique. On y recroise des groupes de sexagénaires américains, les hommes déguisés en sosies modernes d’Indiana Jones, et les femmes en leggings orange fluo et casquettes à visière, mais aussi, nouveauté sur le continent, des touristes chinois comme à leurs habitudes en train de se prendre en selfie devant tout et n’importe quoi, et venus admirer ce à quoi ressemblait une ville avant les grattes ciels et le béton.

Le deuxième jour nous allons voir les immenses navires commerciaux entrer dans le canal, au Lock de Miraflores, un des trois jeux d’écluses que compte le canal, après avoir attendu leur tour dans des queues interminables de plusieurs centaines de navires.

Mis à part ces deux choses la ville en elle-même est assez pauvre en activités à offrir, se promener dans ses rues vides au pied des grattes ciel le long de routes bruyantes lasse vite, se nourrir en dehors des chaînes de fast food américaines relève de l’exploit, même trouver de l’eau peut être compliqué, le coca l’ayant remplacé ici, ce qui a certainement un lien avec le taux d’obésité remarquable du pays.

Le dernier soir nous décidons d’aller au cinéma, voir le dernier Tarantino, le spectacle est tout autant dans la salle que sur l’écran pour qui n’y est pas habitué. Tout le monde vient avec son litre de coca et son panier de pop corn gigantesque, une famille de quatre à coté de nous a quatre plateaux de ce type, même un pour leur fille de deux ans (qui va d’ailleurs passer la moitié du film à crier, le film étant interdit aux moins de 16ans). Au bout d’une heure de projection la moitié des spectateurs quittent la salle, sans doute ont ils fini leurs popcorns, pendant que l’autre moitié se prend en selfie, les flashs retentissant de toute part.

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